À l’heure d’un monde morcelé, disloqué, l’audition de Bertrand Badie avait pour vocation de repenser le cadre des relations internationales. L’objectif : rompre avec le paradigme dominant de la puissance et promouvoir une doctrine de paix globale, inclusive et humaine, adaptée à un monde interdépendant, fragmenté, post-hégémonique. Bertrand Badie a invité en début de son propos à faire de l’international l’entête du projet, jugeant que tout en découle.
Professeur émérite à Sciences Po, spécialiste reconnu des relations internationales, Bertrand Badie est l’auteur de plus de 40 ouvrages, dont le dernier, paru en 2024, L’art de la paix est un manifeste pour une paix active et structurante. Il intervient régulièrement dans le débat public pour nous éclairer sur la marche du monde.
Le système international hérité de la Renaissance est obsolète. Les Relations internationales n’ont pas réactualisé leur logiciel malgré les trois ruptures que sont la décolonisation, la dépolarisation et la mondialisation qui ont bouleversé la donne. Les guerres contemporaines sont inutiles, coûteuses, interminables : aucune n’a permis d’atteindre un objectif politique depuis 1945. La paix n’est pas l’absence de guerre, mais une coexistence active fondée sur l’altérité qui impose de redéfinir la politique de défense comme instrument d’une stratégie claire. Parmi ses propositions, Bertrand Badie plaide entre autres pour organiser une conférence internationale sur le nucléaire ; reconnaître l’État palestinien, suspendre l’accord UE–Israël ; construire des partenariats horizontaux avec le Sud ; refonder la diplomatie européenne, transformer l’OTAN en coopération militaire européenne, intégrative à long terme et consolider le multilatéralisme social (OMS, OIT) plutôt que sur le Conseil de sécurité bloqué de l’ONU.